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tration dans toutes les couches de l’Océan, bien au delà des régions accessibles au rayon solaire, donne à penser que leur quantité relativement peu considérable dans la biosphère, observée pour des variétés aussi diverses que les bactéries azotiques, sulfureuses ou ferriques, ne saurait être attribuée à des causes spécifiques, mais est l’effet d’un phénomène général.

On en trouve la confirmation dans les conditions très particulières de leur alimentation, qui déterminent la possibilité de leur existence. Elles reçoivent toute l’énergie nécessaire à leur vie, en oxydant complètement les composes naturels d’azote, de soufre, de fer, de manganèse, de carbone, insuffisamment ou nullement oxydés. Mais les corps primaires et pauvres en oxygène qui leur sont nécessaires, les minéraux vadoses de ces éléments ne peuvent jamais être amassés dans la biosphère en quantités suffisantes. Car le domaine de la biosphère est en somme la région chimique de l’oxydation, saturée qu’elle est d’oxygène libre créé par les organismes verts. Dans ce milieu riche en oxygène, ce sont les composés les plus oxydés, les plus richement oxygénés qui constituent les formes les plus stables.

Ces organismes autotrophes doivent en conséquence activement chercher le milieu propice à leur vie. Les adaptations de leur organisation se sont formées en conséquence.

Ils peuvent même (et les bactéries azotiques semblent toujours agir ainsi) oxyder les composés déjà oxygénés, puiser l’énergie nécessaire à la vie en transformant les corps moins oxydés en corps complètement oxydés ; mais la quantité d’éléments chimiques capables de telles réactions dans la biosphère est limitée. D’ailleurs, les mêmes composés stables finaux riches en oxygène, sont créés indépendamment des bactéries par des processus purement chimiques, car la biosphère