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96. — Les bactéries autotrophes représentent une bien moindre quantité de matière vivante, tandis que l’existence et la portée géochimique des organismes autotrophes verts ont été découvertes et comprises à la fin du xviiie siècle, et au début du xixe, et que les travaux de J. Boussingault, J. B. Dumas, J. Liebig les imposèrent entre 1840 et 1850 à la pensée scientifique, la notion des bactéries autotrophes non liées au rayon solaire et exemptes de chlorophylle découvertes par S. N. Winogradsky, ne date que de la fin du xixe siècle, mais elle n’exerça pas tout d’abord l’influence qu’elle aurait dû sur la pensée scientifique. Le rôle de ces organismes dans l’histoire géochimique du soufre, du fer, de l’azote, du carbone, est extrêmement important, mais ils ne sont pas très variés ; on n’en connaît pas plus de cent espèces, et par leur masse ils ne peuvent être comparés aux plantes vertes.

Il est vrai qu’ils sont dispersés partout : on les trouve dans le sol, dans la vase des bassins aqueux, dans l’eau de mer ; mais il n’en existe nulle part des quantités comparables à celles des plantes vertes autotrophes de la Terre ferme, sans parler de celles du plancton vert de l’Océan Mondial. Cependant, l’énergie géochimique des bactéries est d’un ordre beaucoup plus élevé que celle des plantes vertes ; elle la dépasse des dizaines, des centaines de fois, et constitue l’énergie maxima pour les matières vivantes. Il est vrai que l’énergie géochimique cinétique par hectare sera finalement du même ordre pour les algues vertes unicellulaires et les bactéries : mais tandis que les algues peuvent atteindre l’état stationnaire maximum en une dizaine de jours, il faut aux bactéries dans des conditions favorables dix fois moins de temps.


97. — Il n’existe qu’un petit nombre d’observations sur la multiplication des bactéries autotrophes. Elles