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qui déterminent toute l’existence du monde animal, d’une immense quantité d’organismes végétaux sans chlorophylle : champignons, bactéries.

Ils effectuent sur l’écorce terrestre le travail chimique le plus important : ils créent l’oxygène libre, détruisant par photosynthèse des corps oxydés aussi stables, aussi universels que l’eau et l’acide carbonique. Ils ont indubitablement produit ce même travail à travers les lointaines périodes géologiques. Les phénomènes d’altération superficielle démontrent clairement qu’à l’époque archéozoïque, l’oxygène libre a rempli absolument le rôle éminent qu’il joue dans la biosphère actuelle. La composition des produits d’altération superficielle, leurs rapports quantitatifs étaient, comme on peut l’établir, les mêmes à l’archéozoïque, qu’actuellement. Le monde végétal vert a été dans ces temps lointains la source de l’oxygène libre dont la masse était du même ordre que celle d’aujourd’hui. Les quantités de matière vivante verte et d’énergie du rayon solaire (§ 57) qui lui a donné naissance ne devaient pas différer sensiblement à cette époque étrange et lointaine de ce qu’elles sont aujourd’hui.

On n’a cependant pas de restes d’organismes verts de l’archéozoïque. Ces restes ne commencent à paraître sans interruption qu’à partir du paléozoïque. Ils rendent manifeste l’évolution ininterrompue et intense d’innombrables formes de ces organismes, dont le nombre d’espèces atteint de nos temps 200 000 ; la totalité des espèces qui ont existé et existent sur notre planète, nombre non accidentel, ne peut encore être calculé, car le nombre relativement petit de leurs espèces fossiles (plusieurs milliers) ne témoigne que de l’imperfection de nos connaissances. Ce nombre croît à chaque décade, sinon d’année en année.