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miques et qu’on prend généralement en considération : la température, la pression, l’état et la composition de la matière, n’englobent pas toutes les formes théoriquement possibles. Gibbs a mathématiquement étudié les équilibres électrodynamiques. Diverses forces superficielles, — forces de contact, — ont une grande importance dans les équilibres terrestres naturels. Les phénomènes de la photosynthèse ont été l’objet d’une grande attention en chimie : c’est l’énergie radiante lumineuse qui constitue la variable indépendante. Dans les phénomènes de cristallisation interviennent encore les énergies cristalliques vectoriales, l’énergie interne, par exemple dans la formation des macles, l’énergie superficielle dans toutes les cristallisations.

Les organismes vivants, bien qu’ils introduisent dans les processus physico-chimiques de l’écorce terrestre l’énergie lumineuse du Soleil, se distinguent aussi nettement et par leur essence même de toutes les autres variables indépendantes de la biosphère. Comme elles, ils changent la marche de leurs équilibres, mais contrairement à elles, ils sont eux-mêmes spécifiquement indépendants des espèces de systèmes d’équilibres dynamiques secondaires, dans le champ thermodynamique primaire de la biosphère.

L’autonomie des organismes vivants est l’expression du fait, que les paramètres du champ thermodynamique à eux propres sont absolument différents des paramètres observés dans la biosphère. Les organismes maintiennent en rapport avec ce fait, certains même très nettement, leur propre température indépendante de celle du milieu ambiant, et possèdent leur propre pression interne. Ils sont isolés dans la biosphère et le champ thermodynamique de celle-ci n’a d’importance pour eux que parce qu’il détermine la région de l’existence de leurs systèmes autonomes, mais non leur champ interne.