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avec cette notion du mécanisme, c’est-à-dire comme d’un ensemble indivisible.

En géologie, ce sont les particularités seules des phénomènes se rapportant à la vie qui sont généralement étudiées. L’étude du mécanisme dont ils font partie n’est pas posée comme un problème scientifique. Dès lors et faute de la conscience de l’existence de ce problème, l’investigateur passe à côté de ces manifestations qui l’entourent sans les apercevoir.

Dans ces essais, l’auteur a tenté de considérer autrement l’importance géologique des phénomènes vitaux.

Il ne construit aucune hypothèse. Il tâche de demeurer sur un terrain solide et ferme, celui des généralisations empiriques. Se basant sur des faits précis et incontestables, il essaie d’exposer la manifestation géologique de la vie, de donner un tableau du processus planétaire qui se déroule autour de nous.

Il laisse cependant de côté trois idées préconçues dont la pénétration, historiquement établie dans la pensée géologique, lui semble en contradiction avec les généralisations empiriques de la science, ces acquisitions fondamentales du naturaliste.

L’une de ces idées, c’est la conception, dont il a été question plus haut, de phénomènes géologiques comme de coïncidences accidentelles de causes, aveugles par leur essence même, ou apparaissant telles, par suite de leur complexité et de leur pluralité, inaccessibles à la pensée scientifique de l’époque actuelle.

Cette idée préconçue, courante dans la science, est en relation partielle avec des concepts de l’univers philosophiques et religieux déterminés ; elle est généralement basée sur une analyse logique imparfaite des fondements des connaissances empiriques.

L’auteur suppose que les deux autres idées préconçues qui se sont glissées dans le travail géologique prennent racines dans des constructions étrangères aux prin-