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processus chimiques de l’écorce terrestre sont soumis aux mêmes lois mécaniques d’équilibre.

Dès lors les grandes lignes de la structure chimique et physique de l’écorce terrestre, malgré l’extrême complexité de cette structure, se dessinent nettement ; elles permettent de saisir par voie empirique les états essentiels des phénomènes naturels complexes, et de classer les systèmes complexes des équilibres dynamiques stables auxquels, dans cette construction simplifiée, répondent les enveloppes terrestres.

Les lois d’équilibre, sous leur forme mathématique générale, ont été exposées par J. W. Gibbs (1884-1887), qui les ramène aux relations pouvant exister entre les variables indépendantes caractéristiques des processus physiques ou chimiques : température, pression, état physique et composition chimique des corps qui participent aux processus.

Toutes les géosphères (enveloppes terrestres) introduites dans la science par voie purement empirique, peuvent être distinguées par les différentes variables qui caractérisent, selon Gibbs, les équilibres étudiés par lui. On peut distinguer ainsi les enveloppes thermodynamiques déterminées par les valeurs de la température et de la pression, les enveloppes des états de la matière, caractérisées par les phases, c’est-à-dire par l’état physique (solide, liquide, etc.) des corps entrant dans leur composition, enfin, les enveloppes chimiques, qui se distinguent par leur composition chimique.

Seule l’enveloppe dégagée par Suess, la biosphère, est demeurée à l’écart. Toutes ses réactions sont soumises aux lois des équilibres, mais elles se distinguent par une nouvelle propriété, une nouvelle variable indépendante, dont Gibbs n’avait pas tenu compte.


82. — Les variables indépendantes des équilibres hétérogènes étudiées généralement dans les laboratoires chi-