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les couches de la planète ont sur toute l’étendue de chacune d’elles un seul et même poids spécifique.

Il s’ensuit logiquement qu’il ne peut exister d’irrégularités mécaniques et de différences chimiques dans les couches d’une même profondeur au-dessous de la surface isostatique où doit régner un équilibre dynamique stable de la matière et de l’énergie.

Il est dès lors facile de prendre la surface isostatique pour limite inférieure de l’écorce terrestre et pour limite supérieure du Sima. Cette surface détermine une propriété très importante de la planète : elle sépare la région des changements de celle des équilibres immuables.

Nous avons vu précédemment, que la face de la planète, la biosphère, enveloppe supérieure de cette région des changements, tirait l’énergie qui les produit du milieu cosmique, du Soleil. On sait — et nous aurons l’occasion d’y revenir — qu’il y existe des dispositifs transportant cette énergie solaire dans les profondeurs.

Mais il y a dans l’écorce terrestre une autre source d’énergie libre, la matière radioactive, qui provoque des perturbations de ses équilibres stables encore plus puissantes, bien que ces bouleversements ne se manifestent que très lentement.

Les atomes radioactifs pénètrent-ils jusqu’au Sima ? On l’ignore ; mais il semble certain que la quantité des matières radioactives ne peut y être du même ordre que dans l’écorce terrestre, car en cas contraire, les propriétés thermiques de la planète seraient tout autres ; les matières radioactives, sources de l’énergie libre de la Terre, ne pénètrent donc pas dans le Sima ou en disparaissent rapidement.


76. — On ne saurait avoir qu’une idée très imparfaite de l’état physique de la matière constituant la région Sima.