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un état gazeux particulier (gaz à l’état critique), mais les idées relatives à l’état physique des profondeurs de la planète, selon lesquelles ces régions seraient soumises à la pression de plusieurs dizaines, sinon de centaines, ou de milliers d’atmosphères, sont, dans l’état actuel de la science, absolument conjecturales. Il convient d’admettre dans cette région la prévalence d’éléments libres, comparativement lourds, ou de leurs composés simples. Mais les propriétés physiques du noyau de la Terre peuvent être scientifiquement esquissées de diverses façons. Ainsi, on peut imaginer le noyau comme un corps solide, ou comme un corps à l’état visqueux, ou même gazeux. On peut supposer qu’il y règne une température très élevée de milliers de degrés, ou très basse, voisine de celle des petits corps de l’espace cosmique. Le poids spécifique moyen de la planète (5,7), très grand, comparé à celui de l’écorce terrestre (2,7), indique certainement pour le noyau une composition chimique particulière, différente de celle de la surface de la planète. Le poids spécifique du noyau ne doit guère être inférieur à 8, peut-être même à 10. Il est supposé formé de fer libre ou de ses alliages avec le nickel et ses composés métalliques, et cette hypothèse n’est pas invraisemblable.

Il est certain qu’il s’effectue à la profondeur d’environ 2 900 kilomètres au-dessous du niveau de l’Océan un changement brusque des propriétés de la matière. Ce fait, établi par les études sismométriques est indubitable. On explique souvent ce changement par l’hypothèse que les ondes sismiques entreraient à cette profondeur dans un autre concentre. Cette profondeur serait alors celle de la surface de noyau métallique. Cependant il est parfaitement possible de prendre pour cette limite les profondeurs moins considérables de 1 200 ou 1 600 kilomètres correspondant à d’autres sauts dans la marche des ondes sismiques.