Une conséquence non moins importante de cette réforme sera de rendre à la production toute une
par la circulation, la circulation
s’arrêtant, la propriété n’existe plus. Le propriétaire
aujourd’hui
est un homme qui a des bons sur le Trésor, des rentes sur l’État, de l’argent à la Caisse d’épargne,
chez le banquier ou le notaire, des créances hypothécaires, des actions industrielles ; des marchandises en magasin,
des maisons qu’il loue, des terres qu’il afferme. Quand la circulation
est régulière et pleine, la propriété, comme privilége, vaut
au propriétaire ;
si la circulation est suspendue, le privilége perd
son effet ; le propriétaire est à l’instant aussi pauvre que le prolétaire.
A quoi sert la propriété urbaine ou rurale, si le locataire, si le fermier, entravés par l’immobilité
universelle, n’écoulant plus leurs produits,
n’échangeant plus, ne paient pas ? A quoi
servent les capitaux, si les producteurs
n’en veulent plus, si les emprunteurs
font faillite, si les dépositaires manquent à leurs
engagements, si par l’absence de transactions, le capital est forcé de se consumer dans l’oisiveté. »
Jusqu’ici le capital a été le maître de la circulation, comme il est le maître du travail ; mais le jour où le travail et la circulation
auront secoué son joug, il devra nécessairement accepter les conditions qu’ils lui imposeront, et la propriété sera ainsi nécessairement
transformée. Il faut reconnaître qu’il y a un droit
d’échange supérieur à la propriété, que le propriétaire
n’a pas le
droit de soustraire sa propriété à la circulation
générale, que par
exemple il n’a pas le droit de laisser ses terres incultes. La conséquence,
c’est que le moment viendra où le propriétaire,
s’il ne
peut ou ne veut travailler lui-même ses terres, devra les vendre,
où le capitaliste, ne trouvant plus à faire valoir son capital, privé
des intérêts, devra, pour vivre, anticiper sur le principal. Ainsi la
propriété sera ramené à son principe qui est le travail, la terre appartiendra à celui qui la cultivera, et tout le monde travaillant
pour soi, personne ne travaillera plus pour les autres. Alors la propriété, de moins en moins immobilisée s’absorbera de plus en plus dans la circulation,
et elle subira une transformation
complète.