l’apologie que nous avons faite plus haut du travail, il faut donc joindre ce trait qu’il est l’auteur du capital.
Si donc le travail est soumis au capital, c’est le monde renversé.
La source de l’abus, c’est que le capital est séparé du travail auquel il devrait rester étroitement uni ; c’est qu’en réalité, dans l’état actuel, le capital est,
les intérêts sont contradictoires,
et dont l’une est nécessairement
oppressive de l’autre. »
Il n’est pas douteux que si l’on veut séparer le capital du travail,
c’est le travail qui doit faire la loi ; les rapports actuels du
capital et du travail doivent être complétement intervertis ; c’est
le capital, dont les services sont limités, qui doit recevoir un
salaire fixe, et c’est le travail, dont la puissance est illimitée est
vraiment créatrice, qui doit avoir les bénéfices indéterminés.
La seule objection sérieuse que l’on puisse opposer à cette proposition,
c’est que, dans la pratique actuelle, le capital assume ordinairement
tous les risques de l’entreprise, et c’est dans cette
responsabilité qu’il puise tous ses droits. Il est évident que cette
responsabilité devra être assumée par le travailleur.
Et c’est précisément parce que le salaire est une prime donnée à l’irresponsabilité
du travailleur
qu’il est essentiellement démoralisant et
doit être absolument répudié.
Mais cette dualité du capital et du travail, créée par le vice
fondamental de notre état social et entretenue à tort par les économistes,
doit disparaître. Dans la production,
le capital n’a pas en réalité de fonction distincte de celle du travail ; M. Stuart Mill
l’avoue expressément, et il faut prendre acte de son aveu : « Sa fonction (la fonction du capital), son instrumentalité dans la production,
est en réalité la fonction du travail sous une autre
forme. »