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LE PARTI SOCIALISTE.

échapper, dans tous les cas, que par des efforts surhumains.

C’est ce qui a lieu actuellement avec les prélèvements exorbitants du capital sur le travail, prélèvements qui n’auraient plus leur raison d’être si tout le monde travaillait.

Un économiste qui n’est pas suspect de socialisme, Adam Smith, nous fait bien toucher du doigt la nature abusive du prélèvement capitaliste : « On dira que les profits du capital (le bénéfice qu’il prélève sur le travail d’autrui) ne sont autre chose qu’un nom différent donné au salaire d’une espèce particulière de travail, le travail de direction et d’inspection. Ils sont cependant d’une nature absolument différente des salaires ; ils se règlent sur des principes entièrement différents, et ne sont nullement en rapport avec la quantité et la nature de ce prétendu travail d’inspection et de direction. Ils se règlent en entier sur la valeur du capital employé, et ils sont plus ou moins forts, à proportion de l’étendue de ce capital. Le salaire du travail est en raison du travail ; le profit de l’entrepreneur est en raison du capital. Si le manufacturier opère sur un million, et si son travail d’inspection équivaut à 10 p. 100, il percevra 100 000 fr. ; s’il opère sur 2 millions, il percevra 200 000 fr., bien que son travail soit à peu près le même.