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LE PARTI SOCIALISTE.

l’homme, cet emblème de sa puissance infinie, cette condition de son existence, a été considéré comme une servitude, comme une déchéance ; et toutes les lois de la nature ont été renversées, toutes ses indications salutaires ont été perverties.

De là est venue cette idée que les hommes étaient faits pour souffrir et que les jouissances étaient réservées aux dieux ou aux souverains, leurs représentants sur la terre. L’idée aristocratique a étendu le nombre des hommes admis aux jouissances sociales, mais elle n’a fait qu’appesantir plus lourdement sur la masse le joug de la souffrance, c’est-à-dire du travail.

C’est ainsi que la liberté des citoyens des républiques antiques était fondée sur l’esclavage, c’est-à-dire sur le travail des autres. La société de l’ancien régime était fondée sur le servage, qui représentait la même idée sous un autre mot. Notre société moderne est encore fondée sur le salariat, qui n’est qu’une forme déguisée de l’esclavage. En effet, c’est toujours le travail des autres qui alimente la richesse et le bien-être des classes élevées.

La théorie de ce despotisme social, base de la liberté aristocratique, a été faite par. Platon et par Aristote : — « La nature, dit Platon, n’a produit ni cordonniers ni forgerons ; de pareilles occupa-