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LE PARTI SOCIALISTE.

Or M. Renan ne croit pas pour son compte à la vie future, ni à la divinité de Jésus-Christ. Mais il professe que la religion est un frein nécessaire pour le peuple, une consolation pour les sacrifiés d’ici-bas, et il s’est vivement défendu d’avoir voulu, comme on l’en avait accusé, attaquer, dans sa Vie de Jésus, les utiles croyances et les salutaires superstitions de la religion.

Il faut savoir gré à M. Renan de sa franchise ; mais ses aveux, dépourvus d’artifice, doivent suffire pour faire condamner sa doctrine et celle de son école par tous ceux qui ont à un degré quelconque le sentiment démocratique de la justice. La liberté antique était fondée sur l’esclavage ; mais la liberté moderne doit être fondée sur l’égalité. La société ne peut plus prendre cette devise atroce : le bonheur du petit nombre fondé sur la misère du peuple. Le but de la société est le bonheur commun, et le but de la Révolution est précisément de ramener au but de la société dont on s’est écarté, de rétablir entre les hommes l’équilibre et l’harmonie que l’ambition de quelques-uns a troublés.

Or nous avons montré que l’égalité est le principe qui doit prévaloir, c’est son triomphe seul qui peut faire disparaître les abus de notre organisation sociale.