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LE PARTI SOCIALISTE.

apprendre aux pauvres qu’ils souffrent et aux riches qu’il y a des pauvres ? Ou vous parlez pour ne rien dire, ou votre, but est d’exciter les passions. Et quelles passions, grand Dieu ! Vous ne rêvez que d’ajouter au mal de la pauvreté le mal de la haine ! Vous qui ne vous servez pas de la misère comme d’un instrument, et qui n’en parlez que pour la consoler et la guérir, ne la racontez jamais qu’au riche. Mais alors, avant d’ouvrir la bouche, regardez dans les couloirs, assurez-vous qu’il n’y a autour de vous que des puissants et des heureux ; prenez garde qu’un indigent ne se soit égaré dans cet auditoire, et qu’en voulant prêcher la charité[1], vous n’enseigniez malgré vous la guerre. »

M. Jules Pavre n’a jamais omis l’occasion de s’élever à la tribune contre les doctrines socialistes, et il a même un jour interpellé le gouvernement en lui reprochant de laisser discuter et exposer publiquement ces théories subversives de tout ordre. En 1848, c’est lui qui dans la loi sur la presse a fait introduire la disposition interdisant et punissant l’attaque contre le principe de la pro-

  1. Rappelons en passant à M. Jules Simon que les socialistes ne prêchent pas la charité, forme humiliante de l’assistance publique ; ils réclament la justice qui, comme nous l’avons vu, a son origine dans le principe de l’égalité ; et pour que la justice règne sur la terra, il faut avant tout réaliser l’égalité sociale.