serf de son ignorance et de sa misère ? Qu’importe la liberté de la presse à ceux qui ne savent pas lire ? à ceux qui n’ont pas le temps de lire, ni même de penser, écrasés qu’ils sont par un travail absorbant et abrutissant, dont le salaire suffit à peine pour satisfaire les besoins les plus indispensables de la vie ?
Qu’importe même la liberté individuelle à ceux qui sont condamnés à l’esclavage perpétuel d’un travail pénible et stérile ?
« Je demande, dit Mably, quel grand présent c’est que la liberté dans un pays où le gouvernement n’a pas pourvu à la subsistance de chaque citoyen, et permet à un luxe scandaleux de sacrifier des millions d’hommes à de frivoles besoins ? Ne sentez-vous pas que, esclaves de la pauvreté, vous n’êtes libres que de nom, et que vous regarderez comme une faveur du ciel qu’un maître veuille bien vous recueillir ? La nécessité, plus puissante que des lois inutiles qui vous déclarent libres, vous rendra esclaves. »
« Admettons, dit Marat, que tous les hommes connaissent et chérissent la liberté ; le plus grand nombre est forcé d’y renoncer pour avoir du pain ; avant de songer à être libre, il faut songer à vivre. »
C’est ainsi que le suffrage universel est devenu