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LE PARTI SOCIALISTE.

noble et ce riche ; aujourd’hui, pourquoi ne croirait-elle pas à ses serments ?

« Trompée par cette égalité, la jeunesse se laisse emporter à toute la fougue de ses passions. Les filles du peuple aspirent à sortir de leur condition par le mariage et bien souvent n’atteignent que la honte ; la richesse et le luxe deviennent le but pour lequel elles perdent de vue l’amour et le mariage. Quant aux jeunes gens riches, ils n’ont plus de frein qui les retienne, car l’égalité a rapproché d’eux toutes les femmes et les leur livre comme une proie. L’égalité les invite à descendre de leur condition, comme elle invite les femmes à s’élever au-dessus de la leur ; ils se rencontrent donc, mais ce n’est pas dans l’amour qu’ils se rencontrent. Vous vous plaignez du libertinage, vous demandez ce qui l’engendre : c’est l’égalité actuelle, c’est-à-dire une égalité fausse et mensongère.

« Un des résultats de cette égalité convenue, mais nullement réalisée, c’est un horrible impôt prélevé au profit du libertinage sur les classes pauvres. Les Athéniens, tributaires de la Crète, envoyaient chaque année un certain nombre de jeunes filles à l’affreux Minotaure ; chez nous, les classes pauvres payent le même tribut. D’où sortent, je vous le demande, ces malheureuses femmes qui reproduisent parmi nous, après dix-huit siècles