Page:Vermorel - Le Parti socialiste.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
LE PARTI SOCIALISTE.

transformer, de façon que l’égalité, qui est reconnue comme devant être la loi de nos rapports sociaux, ne soit plus une pure fiction, mais devienne une réalité :

« Il y a une société où il est impossible d’être criminel, sans tomber sous l’empire du Code pénal et sans tomber sous la main du gendarme : ce sont les classes pauvres. Il y a une société où l’on peut commettre presque tous les crimes, sans être passible du Code pénal, ou du moins sans avoir à le redouter : ce sont les classes riches. La justice est un Polyphème aveugle, un informe et grossier cyclope. Les riches, protégés par leur politesse et leur air d’innocence, se mettent à l’abri de ses atteintes, comme Ulysse et ses compagnons s’échappèrent de la caverne en se cachant sous la blanche toison des brebis.

« Un homme du peuple veut se procurer plus que le salaire qu’il pourrait honnêtement gagner ; il n’a d’autre moyen que la violence, il se fait voleur ; on le saisit, on l’emprisonne, on le juge, on le condamne aux galères. Un voleur riche, un voleur des hautes classes est bien autrement favorisé du sort ; il exerce son industrie tout à l’aise ; il vole 100 000 francs plus aisément que l’autre ne vole un sou. Considérez en effet les occupations lucratives des hautes classes, et dites-moi quelle