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Le principe de l’égalité a changé les bases de la justice comme il est appelé à changer les bases de la société. Tous les hommes sont égaux devant la loi, et spécialement devant la loi pénale. Les peines ne sont plus pesées, comme elles l’étaient au moyen âge, d’après la qualité de l’offenseur et de l’offensé. La mort d’un manant ne peut plus être rachetée moyennant quelques sous parisis. Le maître n’a plus droit de vie et de mort sur son esclave, ni le père sur ses enfants, comme dans l’antiquité. La vie du plus misérable des mendiants vaut celle de l’homme le plus haut placé dans la société ; telle est la base fondamentale de la justice moderne.

Ce principe essentiel de l’égalité est généralement reconnu et admis.

Mais entre l’égalité envisagée comme un fait et l’égalité considérée comme un principe, il y a, pour employer une expression de Montesquieu, autant de distance qu’entre le ciel et la terre. L’égalité n’est, dans notre société, qu’une belle et stérile fiction de la loi.

L’inégalité des conditions sociales est un obstacle absolu à sa réalisation.

L’égalité n’existe pas dans une société où il y a

    cours d’histoire de la philosophie morale professé par M. Victor Cousin, 1819.