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D’autre part l’école libérale s’est complétement fourvoyée dans cette question en faisant cause commune avec les doctrinaires qui ne demandent la décentralisation que pour reconstituer les aristocraties locales[1], et qui, ne séparant jamais leur

    aux esprits superficiels l’accusation de fédéralisme sous laquelle furent écrasés les Girondins. Les Jacobins, égarés par la passion, reprochaient aux Girondins, de vouloir démembrer la France au profit de la contre-révolution ; mais c’était une accusation de fait, non de principe. Et, au plus fort de la lutte engagée entre les deux partis, Marat qui était le principal adversaire politique des Girondins, n’hésitait pas à émettre les principes suivants, sans craindre que ses adversaires s’en fissent une arme pour leur justification, parce que la question de principes était étrangère à l’accusation de fédéralisme dirigée contre les Girondins ; cette accusation ne visait que les menées et les intentions coupables qui leur étaient prêtées. « Il est faux, » disait Marat en mars 1793, « que la souveraineté du peuple soit indivisible. Chaque commune est souveraine sur son territoire dans les temps de crise, et le peuple peut prendre les mesures qui lui conviennent pour son salut. » C’est la théorie même du fédéralisme moderne que professe Marat, et ses paroles sont la condamnation la plus formelle de tout système centralisateur. Proudhon n’avait donc pas tort de placer son livre sur le Principe Fédératif sous la recommandation de ce sous-titre : De la nécessité de reconstituer le parti de la Révolution.

  1. Ce but n’est pas dissimulé. Il se trouve indiqué dans le titre même d’un des plus célèbres manifestes décentralisateurs : Des Communes et de l’Aristocratie, par M. de Barante, publié en 1829 et réédité en 1866, à l’occasion du Projet de Nancy, qui s’inspirait des mêmes principes et auquel adhérèrent, avec une inconcevable légèreté, sans faire aucune des réserves indispensables, les principaux chefs du parti démocratique, MM. Jules Favre, Vacherot, Jules Simon, etc.