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armes, il n’existe point de conditions de prospérité communes, qu’il n’en existe que de contraires, et que les membres de l’armée, loin d’avoir, comme militaires de profession, les intérêts de la liberté à défendre, ont, comme tels, les intérêts du despotisme à soutenir. »

La discipline militaire fondée sur l’obéissance passive est en contradiction formelle avec l’indépendance qui doit être la base du caractère d’un citoyen libre.

À ce point de vue l’influence de l’éducation militaire n’est pas moins préjudiciable au développement de l’esprit public que l’influence de l’éducation ecclésiastique. Quand on songe qu’en France l’esprit des enfants est livré aux prêtres et qu’ensuite l’esprit des jeunes gens est soumis au régime militaire, il ne faut plus s’étonner des difficultés en quelque sorte insurmontables qui s’opposent à l’acclimatation de la liberté dans notre pays. Tout concourt à nous façonner à la servitude.

D’autre part le mode obligatoire et vexatoire du recrutement de l’armée annule toute liberté individuelle et paralyse tout développement de l’initiative. L’impôt du sang, qui enlève les jeunes gens à leur famille, à leur vocation, à leurs aspirations légitimes vers l’indépendance, à leurs rêves et à leurs projets d’avenir et de bonheur pour les sou-