Jadis Quatre-vingt-neuf avec ses rubans verts,
Un beau soir de juillet, pour le vieil Univers
Y monta proclamant ton verbe, ô République !
C’est de là que plus tard la Populace épique
Vit sur l’horizon plein de rires et de voix
Le passé qui fuyait dans le fiacre des rois !
C’est là qu’elle brisa sa chaîne impériale !
C’est là qu’elle affirma la force communale !…
Ô dévoûments ! fiertés ! gloires ! écroulements !
Ô sang du peuple ! Os des aïeux ! Siècles dormants !
Paris est mort ! Et sa conscience abîmée
À tout jamais s’évanouit dans la fumée !…
Et bien ! quand l’incendie horrible triomphait,
Une voix dans mon cœur criait : Ils ont bien fait !
II
Pourtant je suis l’ami des roses
Et je baise leurs lèvres closes
À travers les pleurs du matin ;
Je suis bien connu des abeilles
Que suivent sur les fleurs vermeilles
Les grands papillons de satin.
Vers le retour des hirondelles
Tous mes rêves battent des ailes
Et planent dans l’azur des cieux ;
Ils voyagent, légion blanche,
Dans les clartés que l’aube épanche,
Et dans l’oubli délicieux.
Vienne juillet, il faut que j’aille
Dans les bois où rode la caille,
Dans les parfums, dans les chansons ;
Je ne retrouve plus ma route,
Et pour seul guide alors j’écoute
L’oiseau caché dans les buissons.
Perdu dans le ravin paisible,
J’éprouve un bonheur indicible
À ne plus savoir où je suis ;
L’odeur sauvage des bruyères
Me ravit, et dans les clairières
J’ai dormi pendant bien des nuits.