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« Nous nous trouvons bien où nous sommes ;
Charette a de jeunes niais
Qui fusilleront cent mille hommes
Pour nous donner l’ordre et la paix.
Chantez clairons ! sonnez cymbales !
Vive la logique des balles !
Rien ne convainc mieux un mutin !
Appelons les soldats du pape,
Et faisons sortir d’une trappe
Tous les mouchards de Valentin !

« Surtout n’épargnez pas les femmes ;
Ne faites pas grâce aux enfants ;
Il est parfois de grandes âmes
Dans des poitrines de douze ans !
Sans peur qu’un bourgeois se récrie,
Vous pourrez faire une tuerie
Comme Bonaparte en rêva !
Broyez ces bandes scélérates !…
S’il survit quelques démocrates
Il nous reste Nouka-Hiva ! »


IV


Ô Révolution ! nous t’avions oubliée,
 Tu nous en punis justement !
Pour le peuple vaincu, pour la France liée
 Au char du vainqueur allemand,
Pour la cervelle humaine écrasée et fumante
 Sur les murs noirs de Transnonain,
Pour Avril, et pour Juin, pour les morts que tourmente
 L’oubli sous le ciel africain.
Pour les réactions et pour les hécatombes,
 Pour nos droits à mort condamnés,
Pour Décembre dansant des rondes sur les tombes
 De nos frères assassinés,
Pour Blidah, pour Cayenne et l’horreur indicible
 Des funèbres prisons dans l’eau,
Nous devions à ces gueux la justice impassible,
 La guillotine et le bourreau !…
Ô Révolution ! j’ai vu ta face austère
 Où l’indignation flambait !
Tu criais : « Allons donc ! frappez du pied la terre !
 Faites-en sortir le gibet !
« La guerre est éternelle entre vous et ces drôles,