Page:Verlaine - Sagesse, 1893.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée
80
SAGESSE


D’être l’enfant vêtu de lin et d’innocence,
D’oublier ton pauvre amour-propre et ton essence,
Enfin, de devenir un peu semblable à moi


Qui fus, durant les jours d’Hérode et de Pilate
Et de Judas et de Pierre, pareil à toi
Pour souffrir et mourir d’une mort scélérate !



Et pour récompenser ton zèle en ces devoirs
Si doux qu’ils sont encore d’ineffables délices,
Je te ferai goûter sur terre mes prémices,
La paix du cœur, l’amour d’être pauvre, et mes soirs

Mystiques, quand l’esprit s’ouvre aux calmes espoirs
Et croit boire, suivant ma promesse, au Calice
Éternel, et qu’au ciel pieux la lune glisse,
Et que sonnent les angélus roses et noirs,