Page:Verlaine - Sagesse, 1893.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée
79
SAGESSE


Puis franchement et simplement viens à ma table.
Et je t’y bénirai d’un repas délectable
Auquel l’ange n’aura lui-même qu’assisté,

Et tu boiras le Vin de la vigne immuable,
Dont la force, dont la douceur, dont la bonté
Feront germer ton sang à l’immortalité.



Puis, va ! Garde une foi modeste en ce mystère
D’amour par quoi je suis ta chair et ta raison,
Et surtout reviens très souvent dans ma maison,
Pour y participer au Vin qui désaltère.

Au Pain sans qui la vie est une trahison,
Pour y prier mon Père et supplier ma Mère
Qu’il te soit accordé, dans l’exil de la terre,
D’être l’agneau sans cris qui donne sa toison.