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que les amours si chastes de cette femme tendre et hautaine, qu’en dire suffi- samment sinon de conseiller de lire tout son œuvre ? Écoutez encore ces deux trop petits fragments :

LES DEUX AMOURS

C’était l’amour plus folâtre que tendre;
D’un trait sans force il effleura mon cœur;
Il fut léger comme un riant mensonge.
Il offrit le plaisir sans parler de bonheur.
C’est dans tes yeux que je vis l’autre amour.
Cet entier oubli de soi-même,
Ce besoin d’aimer pour aimer
Et que le mot aimer semble à peine exprimer
Ton cœur seul le renferme et le mien le devine.
Je sens à tes transports, à ma fidélité,
Qu’il veut dire à la fois bonheur, éternité,
Et que sa puissance est divine.

LES DEUX AMITIÉS

Il est deux amitiés comme il est deux amours;
L’une ressemble à l’imprudence :
C’est un enfant qui rit toujours.