52 LES POÈTES MAUDITS
CETTE NUIT
Quand l’ombre menaça de la fatale loi
Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres,
Affligé de périr sous les plafonds funèbres
Il a ployé son aile indubitable en moi.
Luxe, ô salle d’ébène où, pour séduire un roi.
Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres.
Vous n’êtes qu’un orgueil menti par les ténèbres
Aux yeux du solitaire ébloui de sa foi.
Oui, je sais qu’au lointain de cette nuif, la Terre
Jette d’un grand éclat l’insolite mystère
Pour les siècles hideux qui l’obscurcissent moins.
L’espace à soi pareil qu’il s’accroisse ou se nie
Houle dans cet ennui des feux vils pour témoins
Que s’est d’un astre en fête allumé le génie.
Quant à ce sonnet, le Tombeau d’Edgar
Poe, si beau qu’il nous paraît faible de ne
Fhonorer que d’une sorte d’horreur pa-
nique,
LE TOMBEAU D’EDGAR POE
Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change,
Le Poète suscite avec un glaive nu
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