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LES POÈTES MAUDITS 51 — A vrai dire cette idylle fut mécham- ment (et méchamment !) imprimée sur la fin du dernier règne par un journal heb- domadaire fort ennuyeux, le Courrier du Dimanche. Mais que pouvait signifier cette hargneuse contre-réclame, puisque pour tous bons esprits le Don du Po^m^, accusé d’excentricité alambiquée, se trouve être la sublime dédicace par un poète précel- lent à la moitié de son âme, do quelqu’un de ces horribles efforts qu’on aime pour- tant tout en essayant de ne les pas aimer et pour qui l’on rêve toute protection, fût- ce contre soi-même ! Le Courrier du Dimunche était républi- cain libéral et protestant, mais républicain de tout bonnet ou monarchiste de tout écu, ou indifiérent à n’importe quoi de la vie publique, n’est-il pas vrai qu’e^ nunc et semper et in secula le poète sin- cère se voit, se sent, se sait maudit par le régime de chaque intérêt, ô Stello ? Le sourcil du poète se fronce sur le public, mais son œil se dilate et son cœur se raffermit sans se fermer, et c’est ainsi qu’il prélude à son définitif choisi d’être : ^