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48 LES POÈTES MAUDITS A la même époque environ, mais évi- demment un peu plus tard que plus tôt doivent remonter l’exquise APPARITION La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs, Rêvanti l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs Vaporeuses, tiraient de mourantes violes De blancs sanglots glissant sur Tazur des corolles. — C’était le jour béni de ton premier baiser. Ma songerie aimant à me martyriser S’enivrait savamment du parfum de tristesse Que même sans regret et sans déboire laisse La cueillaison d’un Kôve au cœur qui l’a cueilli. J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli, Quand, avec du soleil aux cheveux, dans la rue Et dans le soir, tu m’es en riant apparue, Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté Passait, laissant toujoursde ses mains mal fermées Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées. et la moins vénérable encore qu’adorable SAINTE A la fenêtre recelant Le santal vieux qui se dédore