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46 LES POÈTES MAUDITS Ceux-là sont consolés étant majestueux. Mais Us ont sous les pieds des frères qu’on bafoue. Dérisoires martyrs d’un hasard tortueux. Des pleurs aussi salés rongent leur pâle joue, Ils mangent de la cendre avec le même amour; Mais vulgaire ou burlesque est le sort qui les roue. Ils pouvaient faire aussi sonner comme un tambour La servile pitié des races à Toeil terne, Égaux de Prométhée à qui manque un vautour ! Non. Vieux et fréquentant les déserts sans citerne. Ils marchent sous }e fouet d’un squelette rageur, Le GUIGNON, dont le rire édenté les prosterne. S’ils vont, il grimpe en croupe et se fait voyageur. Puis, le torrent franchi, les plonge en une mare Et fait un fou crotté du superbe nageur. Grâce à lui, si l’un chante en son buccin bizarre. Des enfants nous toixlront en un rire obstiné, QuijSoufflant dans leurs mains, singeront sa fanfare . Grâce à lui, s’ils s’en vont tenter un sein fané Avec des fleurs par qui l’impureté s’allume. Des limaces naîtront sur leur bouquet damné. Et ce squelette nain coifté d’un feutre à plume Et botté, dont l’aisselle a pour poils de longs vers. Est pour eux l’infini de l’humaine amertume, />