Page:Verlaine - Les Poètes maudits, 1888.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée

2i LES POÈTES MAUDITS Nous ne connaissons pour notre part dans aucune littérature quelque chose d’un peu farouche et de si tendre, de gen- timent caricatural et de si cordial, et de si bon, et d’un jet franc, sonore, magistral, comme LES EFFARÉS Noirs dans la neige et dans la brume, Au grand soupirail qui s*allume, Leurs culs en rond, A genoux les petits — misère ! Regardent le boulanger faire Le lourd pain blond. Ils voient le fort bras blanc qui tourne ]^a pftte grise et qui Tenfourne Dans un trou clair. Ils écoutent le bon pain cuire. Le boulanger au gros sourire Chante un vieil air. Ils sont blottis, pas un ne bouge, Au souffle du soupirail rouge Chaud comme un sein. Quand pour quelque médianoche. Façonné comme une brioche On sort le pain, /^