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sujet, notre auteur, quelle que soit son horreur native pour ces sortes de consultations, répondit par une assez longue digression que nos lecteurs liront peut-être non sans intérêt pour sa naïveté.

Voici cette pièce :

« Il est certain que le poète doit, comme tout artiste, après l’intensité, condition héroïque indispensable, chercher l’unité. L’unité de ton (qui n’est pas la monotonie) un style reconnaissable à tel endroit de son œuvre pris indifféremment, des habitudes, des attitudes ; l’unité de pensée aussi et c’est ici qu’un débat pourrait s’engager. Au lieu d’abstractions, nous allons tout simplement prendre notre poète comme champ de dispute. Son œuvre se tranche, à partir de 1880, en deux portions bien distinctes et le prospectus de ses livres futurs indique qu’il y a chez lui parti pris de continuer ce système et de publier, sinon simultanément (d’ailleurs ceci ne dépend que de convenances éventuelles et sort de la discussion), du moins parallèlement, des ouvrages d’une absolue différence d’idées, — pour bien préciser, des