Page:Verlaine - Jadis et Naguère, Vanier, 1884.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jeunes, et méprisant tous autres équilibres
Quelconques, qui ne sont que cloche-pieds piteux,
D’avoir deux cœurs pour un, et, chère âme, un pour deux !


Chloris

Que voilà donc, monsieur l’amant, de beau langage !
Vous êtes procureur ou poète, je gage,
Pour ainsi discourir, sans rire, obscurément.


Sylvandre

Vous vous moquez avec un babil très charmant,
Et me voici deux fois épris de ma conquête :
Tant d’éclat en vos yeux jolis, et dans la tête
Tant d’esprit ! Du plus fin encore, s’il vous plaît.


Chloris

Et si je vous trouvais par hasard bête et laid,
Fier conquérant fictif, grand vainqueur en peinture ?


Sylvandre

Alors, n’eussiez-vous pas arrêté l’aventure
De tantôt, qui semblait exclure tout dégoût
Conçu par vous, à mon détriment, après tout ?