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La foi, l’ardeur au ciel, et le baptême,
Et ce désir de volupté lui-même,
Mais s’étant découvert meilleur que Dieu,
Il résolut de se mettre en son lieu.
À cet effet, pour asservir les âmes
Il rendit siens d’abord les cœurs des femmes.
Toutes pour lui laissèrent là Jésus,
Et son orgueil jaloux monta dessus
Comme un vainqueur foule un champ de bataille.
Seule la mort pouvait être à sa taille.
Il l’insulta, la défit. C’est alors
Qu’il vint à Dieu, lui parla face à face
Sans qu’un instant hésitât son audace.

Le défiant, Lui, son Fils et ses saints !
L’affreux combat ! Très calme et les reins ceints
D’impiété cynique et de blasphème,
Ayant volé son verbe à Jésus même,
Il voyagea, funeste pèlerin,
Prêchant en chaire et chantant au lutrin,
Et le torrent amer de sa doctrine,
Parallèle à la parole divine,
Troublait la paix des simples et noyait
Toute croyance et, grossi, s’enfuyait.