Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.


AMOUREUSE DU DIABLE


À Stéphane Mallarmé

Il parle italien avec un accent russe.
Il dit : « Chère, il serait précieux que je fusse
« Riche, et seul, tout demain et tout après-demain.
« Mais riche à paver d’or monnayé le chemin
« De l’Enfer, et si seul qu’il vous va falloir prendre
« Sur vous de m’oublier jusqu’à ne plus entendre
« Parler de moi sans vous dire de bonne foi :
« Qu’est-ce que ce monsieur Félice ? Il vend de quoi ? »

Cela s’adresse à la plus blanche des comtesses.

Hélas ! toute grandeur, toutes délicatesses.
Cœur d’or, comme l’on dit, âme de diamant,
Riche, belle, un mari magnifique et charmant