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Il semble qu’une destinée tragique poursuive ces poèmes : Verlaine, à qui Pierre Dauze les avait commandés, est mort avant de les achever. Et Pierre Dauze, qui avait entrepris de les éditer, est mort, lui aussi, avant que l’édition ne fût prête.

Nous la faisons paraître aujourd’hui : ces lettres de Verlaine et ces sonnets sont donc les dernières lignes et les derniers vers qu’il ait écrits. La mélancolie qui se dégage de cette pensée ajoute à la grâce malicieuse, ironique et savante de ces poèmes.

Il convenait, en outre, que Pierre Dauze mourût en préparant la publication de cet ouvrage. Un bibliophile tel que lui devait être frappé en songeant au Livre, comme il convient qu’un soldat meure sur un champ de bataille. Dans l’art et la science du Livre mon ami Pierre Dauze eut du génie. Il assurait aux œuvres qu’il préférait des éditions royales et magnifiques. Et c’est une émouvante fatalité que la mort l’ait emporté tandis qu’il allait faire paraître un Livre à la gloire du Livre.


Adrien Bertrand.
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