Page:Verlaine - Œuvres posthumes, Messein, II.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
voyage en france par un français

d’adjoindre la jeunesse en esclavage à la basse police d’un parti d’aventuriers, je te dirai simplement : « fais ton temps » en patience, et, si le cas échéait d’ordres sacrilèges, ou insurrectionnels contre le Roi et de fidèles « révoltés » — révolte-toi ! Imite l’exemple de ce Quaker qui dernièrement aima mieux aliéner sa liberté pour des années que d’enfreindre les prescriptions de son Église en acceptant de porter les armes ; celui-là, sois-en sûr, tout hérétique qu’il soit, Dieu lui enverra plutôt un ange à sa dernière heure que de lui refuser la lumière et le salut. L’Église Catholique, qui est divine, n’a pas de ces répugnances pour le noble état militaire. Elle proclame l’obéissance à César, et la légitimité de la guerre de frontières ou de principes. Et c’est pourquoi si, dans le cours restreint de ta carrière militaire, se présentait l’alternative de combattre pour ce gouvernement détestable contre l’étranger, combat, contre l’étranger et meurs, Dieu le veut, pour la France, en priant pour son Roi… et pour la conversion des pécheurs ; — mais si une généreuse insurrection qu’il faut espérer et presque attendre de l’Esprit-Saint du Dieu des armées venait à se produire contre l’Immondice actuelle, combats pour la France, et meurs ou triomphe avec le Roi, ton salut en Dieu.