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voyage en france par un français

nale, à coups de journaux, d’argent et d’un recrutement par tous pays, en des temps de faim et d’affolement extraordinaire dans des cerveaux étroits surchauffés de misère avinée ; nulle spontanéité dans ces deux sorties des forces socialistes : mot d’ordre et compulsion ! — Non, pour l’instant et pour quelque temps la platitude nous tient, villes et campagnes, bourgeois et autres ! — La platitude méchante et plus bête que méchante, parce qu’affreusement méchante ! Une lâcheté féroce faisant crédit à une tyrannie à la fois sournoise et cynique, le sens même des mots faisant défaut à ceux qui parlent comme à ceux qui écoutent dans ce gouvernement de bavards, si bien que liberté, dans leur argot, veut dire, pour les premiers droit de tout faire et, droit de mal faire, pour les autres ; tout principe quelconque, moral ou politique, absolument absent des esprits et des cœurs, l’animalité pure et simple, et la bestialité tapie derrière, prête à bondir, — tels nous voici, Français de 1881, après quatre-vingt-onze ans de démocratie et trente-deux ans de Suffrage Universel direct !

Il pouvait y avoir un remède, il n’y avait qu’un remède, remède qui, bien appliqué, eût tout remis, pourrait encore tout remettre en