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voyage en france par un français

tude, les soldats du Dieu d’amour et de pureté en lutte contre la France criminelle de l’Encyclopédie et des plus sales faubourgs d’une Gomorrhe nouvelle, eux, fiers paysans hâlés au soleil paternel, contemplateurs et familiers des grandes aurores et des grands flots, sourds comme leurs rochers à la démence parisienne, et comme eux gardiens et témoins d’un sol dur, dévorant, vierge, dernier refuge, citadelle terrible de la Tradition !

Mais le peuple d’aujourd’hui ! Il accepte tout préjudice lui venant de ceux qu’il élève sur ses pavois d’un an ou deux, il assiste paisible à l’injustice qui frappe le prochain, — car l’envie lui dévore le cœur, — et si elle l’attrape au passage, non moins paisible il se tait, rit jaune, tout en se jurant de mieux voter « aux prochaines » et, aux prochaines, du soliveau passe à la grue. Ceci, nous l’avons vu vingt fois et nous le reverrions cent, si Dieu ne devait nous prendre en pitié que très tard. Toute dignité, tout courage civil, tout effort public un peu généreux est mort au moment précis où le Suffrage Universel entrait dans les mœurs. Qu’on ne me parle pas de juin Quarante-huit ou de la Commune de Soixante et onze : émeutes fabriquées de toutes pièces et de longue main par la Franc-Maçonnerie et sa branche récente, l’Internatio-