vestie d’un respect séculaire non moins que des puissants privilèges indispensables à son immense responsabilité, et forte de la conscience de son mandat sublime, réussissait toujours à procurer de nouveau l’équilibre sauveur. En Quatre-vingt-neuf, le Tiers rompit l’ordre ancien. Les deux autres Ordres, énervés de Jansénisme et pourris de philosophisme, manquèrent de reins pour réagir ; la royauté, qu’avaient aux trois quarts suicidée l’aveugle bonté et la faiblesse capricieuse d’un prince mal conseillé, devait d’ailleurs disparaître pour qu’on pût juger de l’horreur du gouiïre qu’elle comblait et de sa place providentielle en notre pays. Tout s’écroula[1].
L’édifice, détruit par la faute du Tiers, a mis quelque temps à s’effondrer tout à fait, et aujourd’hui voici que les dernières catastrophes l’atteignent, ce Tiers de malheur, et vont l’en-
- ↑ Note de l’auteur. — L’esprit de corps ne se résumait
pas tout entier dans les Etals Généraux, mais avait de profondes
racines par tout le pays : jurandes, corporations,
assemblées de la paix, communes, formaient, en quelque
sorte, la base de cette grande représentation nationale, ce
« quatrième État », le peuple, robuste cariatide de l’État
proprement dit.
Il sera parlé, en son lieu, de cette forte assise de l’ancienne France. Cette note n’est que pour ordre.