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voyage en france par un français

cipes, il organisa le chaos et régularisa l’anarchie. Guerre injuste au dehors, compression immorale à l’intérieur, — et quand l’heure de sa chute eut sonné, ce cœur de bronze put y faire écho joyeusement, car il laissait le pays démembré, le peuple abruti, — et toute une génération l’adorant, grognards, poètes et « libéraux » !

Les grognards — gens braves et braves gens en somme — passèrent ; et nous avons vu leurs derniers survivants, en uniformes flétris sous des plumets énervés, venir d’un pas tremblant accrocher, lors des anniversaires impériaux, l’immortelle du souvenir aux grilles solitaires de la Colonne. Poètes et libéraux, eux, menèrent un bruit durable et firent des petits. La légende napoléonienne, par une sympathie de famille dont la logique s’est obscurcie dans nos temps imbéciles, mais qui demeure entière à tout œil resté sain, protégea la « tradition » révolutionnaire et fit bientôt corps avec elle pour l’attaque et le renversement de cette pauvre Restauration, « qui n’avait rien restauré », non plus que « rien appris » dans les catastrophes, mais plutôt « tout oublié » de l’instructif passé. Cette Restauration ! Sceptique maladroitement et bourrue sans vigueur, avec Louis XVIII, puis tatillonne, gallicane et incorrecte, parlementairement par-