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critique et conférences

ment dans la vie ordinaire… Ceux que nous avons cités, — non. Et tant mieux pour nous tous !

Ces poètes, je le répète, sont indépendants l’un de l’autre. Les « Romans » dont je parlais tout à l’heure, au contraire, forment groupe, et quelle que soit la très réelle originalité des uns et des autres, pris à part, obéissent à une idée commune qui serait de remonter tout à fait aux origines de la langue française issue du gallo-romain, c’est connu. Mais « roman » est-il bien le vrai mot ? J’en doute, et même je le nie. Le « roman » est bien encore du latin, le latin liturgique selon moi, celui, dès lors, des basiliques « romanes », — je ne comprends pas bien, de la part des poètes en question, le saut de cette époque à celle de Ronsard dont vraiment usent trop, comme idiome, comme rhythme, comme tic, ces d’ailleurs si aimables et par endroits admirables poètes. Ils ont la science, un peu à l’aventure, car ils sont jeunes, ils ont la musique, — du moins la plupart des quatre qui forment le groupe. Ils ont la foi, et surtout la bonne foi. Cela suffit pour être ou devenir de parfaits artistes ; d’incontestables poètes, peut-être, non, quelque apparemment dur que puisse être ce doute.

Mais la vie est dure, comme elle est essen-