Baudelaire est, je crois, le premier en France
qui ait osé des vers comme ceux-ci :
…Pour entendre un de ces concerts riches de cuivre…
…Exaspéré comme un ivrogne qui voit double…
Mon critique belge de tout à l’heure crierait à
l’incorrection, sans s’apercevoir, l’innocent, que
ce sont là jeux d’artistes destinés, suivant les
occurrences, soit à imprimer au vers une allure
plus rapide, soit à reposer l’oreille bientôt lasse
d’une césure par trop uniforme, soit tout simplement
à contrarier un peu le lecteur, chose
toujours voluptueuse.
Ici peut s’arrêter ce travail. Tant incomplet qu’il soit, je ne le regretterai point s’il a pu détruire à l’égard d’un poète, admirable à tant d’égards, quelques préjugés qui seraient incompréhensibles dans une autre époque que cette époque-ci, la philistine et la routinière par excellence : n’avons-nous pas encore dans les oreilles les sifflets dont s’est vu accueillir tout dernièrement, à l’ébaudissement de la galerie,