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critique et conférences

descendu de sa tour d’ivoire, part en guerre ; Hugo est en pleine victoire, mais sa campagne n’est pas finie, il a encore bien des luttes à soutenir. Ses disciples ou plutôt ses partisans, eux, escarmouchent, attaquent, Musset, Gautier, Sainte-Beuve, ceux-ci sont en reconnaissance, ceux-là en enfants perdus, comme Pétrus Borel, et Philothée O’Neddy. N’importe, le romantisme, on le sent, va triompher et c’est le moment de se rendre compte de ses forces. Déjà deux noms ont retenti dans la mêlée, Racine et Shakespeare. Les soi-disant classiques, prétendus descendants, tout au plus succédanés pitoyables, sans talent, sans style aucun, sans rien que ce fût, du grand siècle et de ce surtout scientifique ou, d’autre part, tout à fait frivole et exquis, et quelquefois profond, mais tout à fait unique dans le frivole, dix-huitième siècle, les classiques d’alors, réalisant en Viennet, brave homme d’esprit et de cœur, mais quel poète ! leur grande figure et leur idéal, ces classiques-là osent se réclamer de Racine. De leur côté, les romantiques, du moins ceux d’avant-garde, et ils avaient tort (M. Vacquerie l’a lui-même déclaré, joliment, pas plus tard qu’hier, dans ce tout jeune et pimpant Depuis), se contentaient de l’appeler polisson par la bouche de M. Granier de Cassagnac qui, de-