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critique et conférences

saient les frères aînés que nous leur étions. J’entends parler de ceux à qui leurs excès, bien de leur âge et de leur intransigeance, charmante au fond, avaient valu de la part de tels critiques qui ne les valaient pas les épithètes de Décadents et de Symbolistes…

D’aucuns, parmi ces jeunes gens, voulaient plus de profondeur, d’intellectualité, dans la poésie, et ceux-là relevaient surtout de Stéphane Mollarmé, l’esprit pur dans la forme impeccable, d’autres s’avisèrent d’admettre la naïveté, l’expansion de l’humble artiste qui vous parle ; tous, pour la plupart, s’efforçant en outre, vers de plus libres espaces, rime et rhythmes libres, comme ils le pensaient avec cette bonne foi exquise qui persuaderait, presque, émanant de jeunes âmes et de cœurs neufs ! Toutefois, un grand nombre d’entre ces aimables insurgés sont revenus aux formules éternelles — éternelles, qu’ils en croient un ancien qui tâta de la révolte dans son temps, — je veux dire, à la sévère versification française de naguère encore — et de toujours, à la fin des fins !

C’est vers 1880 que s’accentuèrent les diverses tendances de la nouvelle « fournée » de poètes qu’honorent une audace judicieuse le plus souvent et l’amour des bonnes lettres qu’il faut. Je ne suis pas, comme je viens de le faire pres-