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critique et conférences

artiste doux et clairvoyant qui s’orne chaque jour ». Au dire, toujours heureux, de Barrès, Roger Marx, apôtre de l’individualisme, « sans témérité, mais sans palinodie, soutient, défend, louange les tentatives obscures, mal comprises, étouffées parfois, dès qu’il croit y rencontrer une saveur spéciale. Avec une intuition qui n’enlève rien à la maturité de ses jugements, il devine le talent encore anonyme et se prend à l’aimer. Il a le culte actif de l’originalité ».

Oui, Roger Marx est un fin, un vrai lettré, par la langue et par l’esprit et par toutes les qualités de ce titre si rarement mérité en nos jours d’impudentes usurpations. De quel amour, je dirais presque de quelle volupté, ne frémissent pas ces pages admiratives sur Chéret où renaissent, sous une forme tout aussi jolie, les miraculeuses imaginations du grand Affichier, s’il faut créer ce mot qui devient nécessaire. Aussi, pour nos visiteurs de l’année dernière, l’exquise surprise que nos murs tapissés de chefs-d’œuvre, tout simplement ! chefs-d’œuvre d’invention ultra-moderne tout en restant dans la pure tradition française du XVIIIe siècle.

Mais quelque nerveusement gracieux, puissamment gentils, philosophiques aussi dans leur si poétique envol que soient ces affiches, ces en-tête de partition, ces couvertures de livres,