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critique et conférences

pareilles confidences, j’en veux faire connaître, sur un point particulier, d’absolument inédites et par moi recueillies dans le salon de Paul Meurice devant le magnifique buste en marbre de Victor Hugo-Dante par David d’Angers. C’était sous les toutes dernières années de l’Empire.

Victor Hugo, on le sait, était fortement déiste et Vacquerie se piquait d’un scepticisme qui eût très facilement glissé à l’athéisme. Un jour, à Guernesey, après déjeuner, les deux hommes se prirent de discussion sur des matières philosophiques et religieuses, et comme Vacquerie poussait très avant sa pointe et rétorquait sans ménagement, à mesure qu’ils se produisaient, tous les arguments d’Hugo, celui-ci, tout rouge presque de colère, de se voir acculé de si près, s’écria : « Eh bien, je vous répondrai dans huit jours, » et il monta s’enfermer dans le belvédère qui dominait sa maison et qui lui servait de cabinet de travail, y resta huit jours sans en descendre, y couchant, y mangeant. Dès qu’il eut rencontré Vacquerie, qui se promenait au jardin sur la mer, il courut à lui, lui mit la main sur l’épaule et, d’un ton tragi-comique, commenta la lecture d’un gros manuscrit dont il lit retentir, comme en triomphe et en ironie, le titre étonnant, l’Ane ! et lut tout d’une