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charles baudelaire

gré à un artiste de la proférer hautement comme l’a maintes fois fait notre poète, dans ces temps de mercantilisme où tant d’Esaüs vendraient la poésie pour un plat de lentilles !

Croyant peu à l’Inspiration, il va sans dire que Baudelaire recommande le travail ! Il est de ceux-là qui croient que ce n’est pas perdre son temps que de parfaire une belle rime, d’ajuster une image bien exacte à une idée bien présentée, de chercher des analogies curieuses, et des césures étonnantes, et de les trouver, toutes choses qui font hausser les épaules à nos Progressistes quand même, gens inoffensifs, d’ailleurs. Sur ce sujet, Baudelaire est implacable. N’a-t-il pas dit un jour : « L’originalité est chose d’apprentissage, ce qui ne veut pas dire une chose qui peut être transmise par l’enseignement. »

Méditez bien ce paradoxe, et prenez garde que ce ne soit d’aventure une belle et bonne et profonde vérité.

Dans un précédent article[1] nous essayions de dégager le tempérament, l’aspect humain, l’élément intrinsèque — passez moi le mot —

  1. Cette étude a paru dans plusieurs numéros successifs de la revue l’Art.
      Les mots « précédent article » et « prochainement » désignent donc des chapitres de cette étude qui précèdent ou suivent celui-ci.