Pendant une quinzaine de jours il vécut chez
nous. Il logeait dans une chambre où il y avait,
entre autres vieilleries, un portrait d’ « ancêtre », pastel un peu défraîchi et que la moisissure
avait marqué au front, parmi divers endommagements,
d’une tache assez maussade, en effet,
mais qui frappa Rimbaud de façon tellement
fantastique et même sinistre que je dus, sur sa
demande réitérée, reléguer ailleurs le lépreux
marquis. J’ai cru d’abord à de la farce macabre,
à une fumisterie froide… Je pensai tôt et très
tôt après, et je m’y tiens après vingt-quatre ans,
plutôt à un détraquement partiel et passager,
comme il arrive le plus souvent à ces exceptionnelles
natures.
Une autre fois, je le trouvai couché au soleil (d’octobre) le long du trottoir en bitume d’où s’élevait le perron de quelques marches qui conduisait à la maison.
Ce perron et ce trottoir étaient bien dans la cour, et non dans la rue, et séparés de celle-ci par un mur et une grille, mais on pouvait voir par celle-ci et l’œil des voisins d’en face directement plongeait sur le spectacle pour le moins extraordinaire.
D’autres excentricités de ce genre, d’autres encore, ces dernières entachées, je le crains, de quelque malice sournoise et pince-sans-rire,