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critique et conférences

Mais, plus on me lira, plus on se convaincra qu’une sorte d’unité relie mes choses premières à celles de mon âge mûr : par exemple les Paysages tristes ne sont-ils pas, en quelque sorte, l’œuf de toute une volée de vers chanteurs, vagues ensemble et définis, dont je reste peut-être le premier en date oiselier ? On l’a imprimé du moins. Une certaine lourdeur, poids et mesure, qu’on retrouvera dans mon volume en train, Bonheur, ne vous arrête-t-elle pas, sans trop vous choquer, j’espère, ès les très jeunes « prologue » et « épilogue » du livre qu’on vous offre à nouveau ce jourd’hui ? Plusieurs de mes poèmes postérieurs sont frappés à ce coin qui, s’il n’est pas le bon, du moins me semble idoine à ces lieu et place. L’alexandrin a ceci de merveilleux qu’il peut être très solide, à preuve Corneille, ou très fluide, avec ou sans mollesse, témoin Racine. C’est pourquoi, sentant ma faiblesse et tout l’imparfait de mon art, j’ai réservé pour les occasions harmoniques ou mélodiques ou analogues, ou pour telles ratiocinations compliquées, des rhythmes inusités, impairs pour la plupart, où la fantaisie fût mieux à l’aise, n’osant employer le mètre sacro-saint qu’aux limpides spéculations, qu’aux énonciations claires, qu’à l’exposition rationnelle des objets, invectives ou paysages.