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charles baudelaire

plicable, il s’est incarné en plusieurs personnages et a prêté à chacun d’eux sa langue sonore et sévère. De la sorte, nous avons toute la gamme du vin, si je puis ainsi parler, depuis le vin des amants jusqu’au vin de l’assassin ! en passant par le vin des chiffonniers et par l’âme du vin.


Un jour l’âme du vin chantait dans les bouteilles !


Ainsi de la Mort, troisième lieu commun, hélas ! le plus banal de tous ! Ainsi de Paris, lieu commun aussi depuis Balzac, mais moins exploité par les poètes encore que par les romanciers. Et pourtant quel thème poétique, quel monde de comparaisons, d’images et de correspondances ! Quelle source intarissable de descriptions et de rêveries ! C’est ce qu’a compris Baudelaire, génie parisien s’il en fut en dépit de l’inconsolable nostalgie d’idéal qu’il y a en lui. Aussi quelles fantaisies à la Rembrandt que les Crépuscules, les Petites vieilles, les Sept vieillards, et, en même temps, quel frisson délicieusement inquiétant vous communiquent ces merveilleuses eaux-fortes, qui ont encore cela de commun avec celles du maître d’Amsterdam. Voici, comme spécimen, le poème qui ouvre les Tableaux parisiens :